Il était une fois une maison de campagne qui s'ennuyait.
Elle avait été construite il y a fort longtemps à l'échelle d'une vie humaine. Mais tout récemment pour une maison en brique.
Quelques fissures serpentaient dans l'angle de ses fenêtres, mais c'était raisonnable. La maison disait à qui voulait l'entendre qu'une crème anti-ride appliquée matin et soir réparerait ces marques de vie. Mais personne ne le faisait.
Le propriétaire était tellement omnibulé par l'entretien et la tonte de l'herbe de son terrain qu'il en avait oublié de prendre soin de sa maison.
La maison était appréciée de tous dans le village. Pourtant elle avait un ennemi mortel qui était déjà à l'oeuvre dans son propre sous-sol : le salpêtre.
Cet être vivant fourbe et discret prenait lentement mais inéluctablement place dans les murs et le sol humide de la partie basse de l'habitation. Petit-à-petit il s'infiltrait à l'intérieur des murs, s'étendait sur les surfaces à disposition, et attaquait les objets entreposés sans cet environnement noir, fermé, humide et laissé à l'abandon. Des années passèrent.
Un jour la porte du garage s'ouvrit :
- Ici nous avons le sous-sol, annonça une voix. C'est sombre parce que l'électricité n'est pas allumée.
- Oui, hum OK, répondit une autre.
- C'est pratique regardez, ici il y a l'évacuation pour la machine à laver, continua la première. L'évacuation vers la fosse toutes eaux est juste derrière ce mur.
Un homme de quarante ans faisait la visite à trois personnes. Agent immobilier depuis plus de dix ans, l'homme avait la crâne dégarni par le stress et le travail. Père de trois enfants adolescents, il était seul dans son entreprise. Sa femme le conseillait avec plaisir et intelligence.
Il avait récupéré ce bien par chance. L'ami d'un ami à sa femme. Sans même avoir visité la maison et la propriété il avait accepter de le vendre.
Son expérience et son flair ne l'avait pas trompé. Une fois l'annonce posté en ligne, il reçu une quantité impressionnante d'appels.
Le maître d'ouvrage avait voulu s'éloigner de la mégalopole locale. Il avait suffisamment vécu disait-il. Des enfants, des amis, des femmes, des collaborateurs. Il avait eu tout ça. Lorsque sa soeur lui avait dit qu'elle allait construire une maison familiale, il avait manifesté son intérêt. Il s'était toujours bien entendu avec elle. Mais ils n'étaient plus des enfants, vivre ensemble sous le même toit n'était pas ce qu'il voulait. Il aimait sa liberté, ses toilettes, sa cuisine. Alors l'idée d'habiter tout prêt mais dans sa propre maison avait germée dans son esprit.